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Interview de Noriyuki Abe, l'adaptateur HDMI

by Bruno de la Cruz,
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Il était l'invité phare de la scène japanimation du salon Paris Manga d'octobre 2018. Noriyuki Abe, monsieur adaptation de shônen, est revenu sur sa riche carrière, de Yûyû Hakusho jusqu'au film de Seven Deadly Sins en passant par GTO. Avec tranquillité, calme et sérénité, loin du nekketsu qu'il a animé à l'écran.

Entrons dans le vif du sujet : comment avez-vous été choisi chez Pierrot, à l'époque, pour diriger Yûyû Hakusho ?

Noriyuki Abe : Nous étions à une époque où le Studio Pierrot était reconnu pour faire des anime rétro, tels que Osomatsu-kun ou encore Heisei Tensai Bakabon. Alors, quand le Jump et Shueisha ont fait une demande d'adaptation pour Yûyû Hakusho, la production a pensé à redonner de la fraîcheur au studio et son orientation. Ils ont donc choisi un jeune réalisateur comme moi car ils estimaient que je pouvais porter un certain renouveau, un allant neuf.

Avez-vous ressenti une forme de pression ? Vous n'aviez qu'une expérience à la direction, avec Norakuro-kun à l'âge de 26 ans.

N. A. : C'était une occasion en or pour moi ! Tout d'abord, je ne pouvais pas refuser (rires), et même s'il y avait une grosse pression, il ne faut pas louper ce genre d'opportunité dans une carrière. Je suis content d'y être allé à fond. Aussi, les temps ont depuis bien changé. De nos jours, quand on parle de travailler sur un anime TV, c'est généralement un format assez court, le temps d'une saison, tandis qu'à l'époque, s'engager sur ce type de projet demandait un investissement sur toute l'année ! C'est aussi à doubles tranchants car si on se rate il ne reste plus rien derrière. Je dois aussi préciser que j'ai eu tout le soutien de Yûji Nunokawa, l'un des co-fondateurs phare de Pierrot et réalisateur (Casshan, Gatchaman). Il m'a très vite fait confiance, en me lançant à la réalisation et en me donnant les ficelles du métier.

Dans ce marathon, vous avez aussi côtoyé d'autres jeunes talents, comme un certain Akiyuki Shimbo. Vous souvenez-vous de ces débuts ?

N. A. : Oh ça oui ! C'était la toute première fois que M. Shimbo livrait un e-konte. On a vite compris qu'il irait loin. Il a l'œil, et son story-board tellement dynamique, ingénieux, qu'il devient très excitant de travailler avec lui. C'est le genre de personne qui vous entraîne, vous donne envie de faire mieux. Ses épisodes étaient très singuliers et reconnaissables.

Vous avez aussi connu des expériences hors Pierrot. Pourquoi avoir quitté le studio ?

N. A. : Alors, ca peut vous paraître étrange, mais en réalité je n'ai jamais quitté Pierrot, tout simplement parce que je n'ai jamais été salarié de Pierrot (rires). De mes débuts à aujourd'hui, j'ai toujours été freelance, mais je n'avais jamais eu l'occasion de sortir de Pierrot car je travaillais essentiellement sur des productions longues. Ça donnait donc l'illusion d'être un permanent, ce qui n'est pas faux (il sourit). Ce n'est qu'après mon travail sur Bleach que j'ai pu un peu sortir la tête de l'eau, observer ce changement de format dont je parlais tout à l'heure, et intervenir plus régulièrement dans d'autres studios.

Quel est votre travail le plus personnel ?

N. A. : (il n'hésite pas une seconde) Bleach, et plus particulièrement les films. Il faut dire que les idées de base et l'écriture du scénario viennent de moi. Je me suis vraiment amusé dessus, l'entente avec l'équipe était top !

Dans le numéro 224 d'AnimeLand, nous avions pu discuter avec les animateurs de Boruto intervenus sur l'épisode 63. On faisait le constat d'une animation “worldwide”. Comment percevez-vous cette tendance ?

N. A. : C'est intéressant. Partons du principe qu'un tel métier, c'est-à-dire adapter des séries fleuves, s'apparente à un marathon. Il y a une forme de répétitivité, une mécanique. Ce n'est pas rare que des staffs se lassent. Il est donc nécessaire d'envoyer un peu de piment à l'intérieur d'une production, d'un staff, en permettant à certains talents de complètement se lâcher. Pour cet épisode, nous avons donné carte blanche à Chengxi Huang, un animateur chinois qui travaille pour Pierrot. Grâce à des animateurs contactés sur Twitter, il a formé une équipe pour animer cet épisode. C'est un procédé original, c'est certain. Le problème c'est que de notre côté (les Japonais) il n'y avait pas beaucoup d'anglophones (rires). Malgré ça, on est arrivé à livrer un excellent épisode.

Quel souvenir gardez-vous de votre adaptation de G.T.O ?

N. A. : C'est un sentiment mitigé... (il réfléchit). Ça reste évidemment un bon souvenir car on a pris beaucoup de plaisir à intervenir dessus. Mais je conserve un petit pincement au cœur en y repensant, car il existe une différence entre la version TV et la version DVD. Dans les DVD mis en vente, les musiques et la bande-son sont différentes ! À la TV, si on voulait mettre en scène une séquence parodiant Ashita no Joe, on pouvait utiliser la musique d'Ashita no Joe. Idem pour Kinpachi-sensei et tant d'autres… On s'est vraiment amusés à faire ça ! Mais de tels gags ne sont pas possibles pour une sortie mondiale, cela aurait été difficile à utiliser et à comprendre pour un public international.

Comment s'est passée la production des films Seven Deadly Sins et Black Butler ?

N. A. : Pour Seven Deadly Sins, après être un petit peu intervenu sur la série TV (l'ending 1, ndlr), je suis arrivé sur le film à cause d'une question de planning. Le producteur des films des deux licences est un ami (Tomonori Ochikoshi, ndlr). Le réalisateur du format TV de Seven Deadly Sins était occupé, il ne pouvait se libérer, alors on a fait appel à moi. Pour Black Butler, c'est une continuité.

Votre carrière n'est pas finie, mais avez-vous un regret ?

N. A. : Mon parcours fait que je n'ai pas vraiment de regret. Dans le milieu de l'animation, on me connait, et je sais que ce sont généralement les producteurs qui viennent vers moi pour me proposer d'adapter telle ou telle œuvre. Je suis un réalisateur d'adaptation, c'est évident. Je n'ai que peu souvent été demandeur. Personnellement, des fois, je me dis que j'aimerais bien participer sur des projets avec des filles mignonnes (il rigole), mais les producteurs viennent toujours vers moi avec des séries bourrées d'action avec des mecs hyper puissants et costauds (il rit).

Remerciements à Noriyuki Abe pour sa disponibilité, et à l'interprète Emmanuel Bochew pour son travail.


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